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mardi 30 juillet 2013

De la relation entre le type de foulées et le déclenchement des blessures


Les pionniers du minimalisme n’ont eu de cesse de clamer haut et fort et sur tous les toits que la foulée médio-pied réduisait la fréquence des blessures – études « scientifiques » à l’appui. Faut-il accorder crédit à ces dires ?






Il y a quelques jours de cela, je relayais sur notre page Facebook un article déjà ancien de l’excellent site Sciences du Sport.com intitulé « Relation entre la pose du pied en course à pied et la fréquence des blessures ». J’avoue avoir été surpris par le nombre de partages et de commentaires que cet article a suscité, même si le thème des blessures, qui concerneraient chaque année d’après les statistiques 70% des coureurs, fait toujours recette.

Lorsque le diable se niche dans les détails…


L’article de Sciences du Sport.com est, en fait, une analyse détaillée d’une étude réalisée au laboratoire de biomécanique de Harvard, que vous pouvez lire en intégralité ICI (Foot Strike and Injury Rates In Endurance Runners : A Retrospective Study). De cette étude, on pourrait ne retenir que ceci : la foulée talon cause deux fois plus de blessures à caractère répétitif que la foulée médio-pied, ce qui irait dans le sens évident d’une promotion du Courir Naturel pour tous. Mais, comme chacun sait, le diable se nichant dans les détails, il convient de prendre un peu de recul …
Le laboratoire de biomécanique de l’Université d’Harvard, dirigé par Daniel Lieberman, est, depuis la parution de Born to Run de Chris McDougall, la caution « scientifique » du mouvement minimaliste, d’abord à son corps défendant (sa désormais célèbre étude « Footstrike Patterns and Collision Forces in habitually Barefoot Versus Shod Runners ») puis de manière consciente et volontaire (http://barefootrunning.fas.harvard.edu/). Il n’est évidemment pas question de remettre en cause la probité des scientifiques d’Harvard mais vous savez comme moi qu’en matière de recherche, le contexte de travail a son influence.
Pas de raison, par contre, de remettre en cause la méthode employée : une analyse a posteriori des blessures rencontrées par 52 athlètes membres de l’équipe première de cross-country d’Harvard et un traitement statistique et impartial des données. Par contre, on parle ici de sujets relativement jeunes, athlètes de très bon niveau et surtout, à la foulée déjà bien établie donc, on peut aisément l’imaginer, puisqu’on ne parlait pas de minimalisme sur la période étudiée, sans que les coureurs attaquant du médio-pied n’aient entrepris cette phase de transition que j’évoque souvent.

Pas de miracle !


On ne peut donc pas étendre la conclusion de l’étude à nos cas personnels. D’ailleurs, les auteurs de l’étude prennent bien garde de ne pas sauter le pas en précisant qu’ils n’ont aucunement analysé les données de coureurs en train ou ayant entrepris une phase de transition.
Cette fameuse conclusion n’est pas pour me surprendre car chacun sait (tous ceux qui lisent cette chronique régulièrement ou ont épluché le livre que j’ai co-écrit « Barefoot, Minimalisme, Courir Naturel » Ed Amphora ) que, même avec des centimètres d’amorti sous le talon, les forces subies à l’impact sont nettement supérieures en attaque talon qu’en attaque médio-pied et ces charges subies par le corps sur la durée interviennent dans l’apparition de blessures répétitives telles que les tendinites par exemple. Ceux qui ont eu le courage de lire l’étude, en Anglais, jusqu’au bout, n’auront pas manqué de remarquer qu’en foulée médio-pied, si on se blesse moins en terme de blessures répétitives, on se blesse quand même. Pas de miracle donc !

article de Runners.fr 

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